Home Arts et Culture #DevoirDeConscience4 : une vie d’orphelin !

#DevoirDeConscience4 : une vie d’orphelin !

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Dans cet épisode de notre série de billets fictifs, il est surtout question des effets de la crise sécuritaire sur les enfants, aussi bien sur le plan psychologique éducatif que sécuritaire. Comme thème parallèle abordé, vous trouverez également la question de la violence sexuelle dans le contexte des conflits.

Le petit Seydou a observé toutes ces actions sans pouvoir réagir autrement. Cela, parce qu’il avait acquis la certitude qu’en se montrant, ces hommes en armes n’hésiteront pas à le tuer comme il l’ont fait avec son père et sa mère. Alors, son seul espoir était l’arrivée des secouristes qui tardaient d’ailleurs à se montrer. Tout ce qu’il a réussi à faire, c’est de pleurnicher en voyant sa mère entre les mains de ces individus inconnus avec des barbes trimballant, des hommes qui prononcent le nom d’Allah tout en commettant des actes ignobles, des actes condamnés par la religion.

Cependant, lorsque ces hommes ont eu la certitude qu’il n’y avait plus d’individus en vie dans la maison, ils se sont retirés. Après leur départ, le petit Seydou court vers sa maman ensanglantée. Il relève sa tête, couvre sa nudité. Aminatou ne cessait de répéter le nom de Seydou tout en disant qu’elle va le laisser aujourd’hui entre les mains du monde. Le petit Seydou répondait non en sanglotant et en répétant que sa maman devrait rester à ses côtés, qu’il a encore besoin d’elle. Mais la mort ne regarde pas l’avenir de tous ceux qui dépendent de nous et qui ont besoin de nous. Le petit Seydou a été ainsi abandonné à son destin. Il ne cessait de se demander ce qu’il a pu faire à Dieu pour mériter ce sort. « Pourquoi Dieu m’a-t-il mis au monde ? », s’interrogeait-il avant d’ajouter : « Qui lui a demandé de me faire venir dans cette géhenne ? »

Par ailleurs, avec les cris incessants de Seydou et avec la cessation des coups de feu, les familles voisines ont commencé à ouvrir leur porte pour venir voir ce qui se passait dans la famille Maiga. Comme on pouvait s’y attendre, les villageois sont venus trouver Kouréichi et sa femme morts.

Puisqu’ils craignaient le retour de ces hommes en arme, l’imam du village, le vieux Alassane Maiga, conduit Seydou chez lui. Tout juste après leur départ, les secouristes arrivent, mais en retard, puisque ces hommes barbus avaient déjà commis leur forfait, un véritable carnage.

Chose étrange, pendant tout ce temps, la servante était encore chez ses logeurs puisqu’elle partait tous les jours passer la nuit là-bas. Probablement, c’est ce qui lui a sauvé la vie. Sinon, elle allait certainement être comptée parmi les victimes. Lorsqu’elle apprend la nouvelle de la maison de ses patrons, elle se met à crier le nom de son petit patron. Puis elle se met à courir vers le domicile. Elle vient trouver des porteurs d’uniforme partout. L’accès au domicile lui est interdit.

La jeune Aïssata donnait l’impression de devenir folle, elle criait, courait dans tous les sens, elle était sans consolation. Elle ne laissait entendre que des cris de détresse et un seul mot à la bouche : « Laissez-moi voir mon petit patron ». Elle suppliait que Dieu prenne son âme à la place de celui du petit Seydou qu’elle croyait mort aussi.

 Les gens la retiennent et la consolent en lui faisant comprendre que l’enfant n’est pas mort. Une fois cette phrase prononcée, la petite Aïssata recouvrit toute son énergie. Elle se met à demander immédiatement là où il se trouvait. Ses pairs lui font signe que le petit se trouve chez l’imam Alassane.

Du coup, Aïssata se précipite chez l’imam du village. Elle vient trouver le petit Seydou inconsolable. Il refuse même de manger, de boire, ou de faire quoi que ce puisse être. Voyant cela, Aïssata n’a pas pu retenir ses larmes, puisque c’était sa toute première fois de voir cet enfant dans un tel état. Il n’a jamais souffert ainsi auparavant.

Pourtant, depuis bien avant l’avènement de ce drame, Seydou avait eu de très mauvais pressentiments de telle sorte qu’il se paniquait, il avait de la fièvre. La nuit, il ne faisait que des cauchemars.

Deux jours avant l’incident, il supplie ses parents de rester avec lui à la maison puisqu’il avait peur que quelque chose de mal ne les arrive. Ceux-ci l’avaient pris au sérieux ce jour-là en acceptant sa demande. Le lendemain encore, le petit Seydou se réveille en pleine nuit pour aller voir son père et lui dit que quelque chose de mal allait arriver au village. Il suggérait de faire les bagages la même nuit pour rejoindre la capitale afin de passer quelques jours.

Kouréichi a accepté cela, mais a prévu le départ pour le lendemain soir, juste le temps de prendre une permission de quelques jours dans son service. Malheureusement, ces hommes armés sont arrivés à l’aube et ont mis le feu à tout le village.

Le jour suivant l’incident, l’enterrement des parents du petit Seydou et de tous ceux qui ont succombé suite à ce drame a eu lieu.

Depuis, le village n’est plus tranquille. Les attaques devenaient récurrentes. Nul ne se sentait en sécurité. Toutes les richesses du village étaient pillées. Les lieux culturels, les belles constructions, tout était détruit par ces hommes. Sur le plan administratif, plus d’administration étatique en place. La famine finit par s’installer, plus rien n’a mangé, les épidémies ravageaient le village. Le lieu se désertait. Tous les villageois fuyaient pour trouver refuge ailleurs.

Le petit Seydou a été envoyé chez les frères de son père qui vivaient dans un hameau dans lequel Seydou n’avait jamais mis les pieds auparavant. Alors, c’était le commencement pour Seydou d’une vie d’orphelin. Désormais, il n’aura plus droit à l’éducation, à toutes les belles choses qui lui étaient accordées autrefois par ses parents.

À suivre

Fousseni Togola


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